lundi 29 juin 2009

WILHELM FREDDIE, DÉCOUVERTE D’UN SURRÉALISTE DANOIS

Depuis 1965, je n’ai vu de ses œuvres que dans une petite galerie de la rue Bonaparte à Paris, la galerie 1900-2000, dernier repaire du surréalisme, qu’anime Marcel Fleiss. Mes souvenirs sont vagues. Dans notre musée national d’art moderne, on l’ignore. Il est vrai qu’on l’a perdu de vue. Il a disparu dans les expositions d’ensemble des temps surréalistes. Or voici que le Statens Museum for Kunst de Copenhague a réhabilité Wilhelm Freddie, surréaliste danois (1909-1995), par une rétrospective de son œuvre. Un grand peintre est apparu qui mêle les différents règnes de la vie, ses parts humaine, végétale, animale, minérale, gazeuse, comme le firent ses amis parisiens. En plus en 1942, il a peint ce qu’on n’avait jamais encore vu. Etait-ce surréaliste ? C’était pire. La fantaisie, le rêve avaient cédé la place à la peur. Au moment où les troupes nazies pénétrèrent au Danemark, Wilhelm Freddie composa un tableau terrifiant qu’il nomma en français « Nature morte ». Posée sur l’herbe, se trouve une menace, la présence d’une maladie contagieuse, une épidémie qui diffuse la mort, notre ultime métamorphose, notre putréfaction. C’est la proximité de la fin. Dans une calotte crânienne (ou une carapace de crabe) molle gluante visqueuse et verte s’ouvrent deux orifices qui ne sont pas des yeux. Des débris de toiles d’araignée attendent dans les orbites les proies que nous sommes. Le moindre contact sonnera notre désintégration. Et elle sera contagieuse. Wilhelm Freddie a peint la plus effrayante image de la guerre telle qu’elle fut et sera. Ce tableau est peu connu. Il faut qu’il devienne célèbre. À quand une exposition Wilhelm Freddie à Paris pour faire plaisir et une autre consacrée aux guerres dans l’art, pour faire honte ?

L’exposition, à Copenhague, s’est achevée le 1er juin 2009. Le catalogue (en anglais) permet de se faire une idée de ce que fut cette révélation.

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